Depuis quelques mois les douleurs sont revenues, progressivement, insidieuses, évidemment signalées lors de mes visites de routine à l'hôpital qui suit mon myélome.
En toute logique à mes yeux, mon traitement antalgique a alors été revu à la hausse avec le Tramadol LP qui est passé de 100 à 150 mg le matin, et restant inchangé à 100 mg le soir. En complément, le Tramadol "rapide" à 50 mg restait prescrit matin et soir.
Après quelques mois de répits, ces fameuses douleurs ont refait leurs apparitions, plus ou moins sévères, mais jamais au bon moment ! (s'il en est)
Révision du traitement donc, quatre semaines plus tard, avec un passage à un analgésique, la morphine sous forme de patchs dosés à 25 µg, dose minimaliste à l'essai
Le mois suivant, il y a quelques jours, devant son évidente inefficacité, le patch de morphine a été réévalué à 50 µg. Le médecin, m'informant du double emploi avec le Tramadol, m'a conseillé d'arrêter ce dernier tout en conservant la possibilité de prendre du Tramadol rapide (Tramadol 50) à la demande, lors de pics de douleurs, et non-pas de façon systématique, comme jusqu'à présent.
De retour chez moi, j'ai donc arrêté le Tramadol LP, gardant sous le coude quelques gélules du 50 pour le cas où…
Fin du pilulier dimanche soir, préparation du suivant.
Ô joie, depuis ce lundi, je n'ai plus de "dragées" à prendre le matin. Contraint depuis plusieurs années à avaler 2, 3 ou 4, voire cinq pastilles ou gélules avant chaque repas, bien sûr accompagnées de leurs potes en poudre à diluer, le Kardégic et l'infecte et gras Forlax, quel bonheur de commencer mon petit déjeuner directement par un yaourt nature mélangé à des fraises fraîches du jardin…
Mais !
Voilà que surviennent quelques diarrhées, de vraies diarrhées de combats, bien explosives. Une fatigue grandissante s'installe, suivi de la sensation de froid. Mais vous savez comme moi que le mois de juin est la saison des premiers fruits rouges locaux, (fraises, cerises) et que ces derniers jours ont été plutôt arrosés par le Ciel. Plus de 50 mm en trois jours et à peine 16° dans la maison. Un fruit avarié ? Habillement inadapté ? Les symptômes peuvent y trouver une origine rationnelle.
Hier, puis aujourd'hui, les diarrhées et la sensation de froid persistent. Viennent s'y ajouter un caractère dépressif avec des larmes au bord des yeux en permanence, des suées abondantes, des crampes "en-veux-tu-en-voilà", des stress respiratoires avec l'angoisse d'oublier de respirer, des hallucinations où la Dame à la faux* refait son apparition, rencontre déjà péniblement vécue, et, pour compléter le tableau comme ci cela ne suffisait pas, une perte conséquente de poids de 3 kilos en moins de 3 jours ! Je passe sur la fatigue.
Me voici très proche de l'étiage éprouvé aux heures les plus sombres qui ont suivi l'autogreffe, à la fin de l'automne 2012.
Ma compagne, au sens de Celle qui accompagne courageusement mon quotidien avec tout l'Amour existant, intervient. Elle a un doute.
Une rapide recherche sur Internet lui apporte immédiatement la réponse dès le premier lien rencontré, lien sérieux s'il en est autant possible, merci Google !
La réponse est claire :
JE FAIS UN NOUVEL ÉPISODE DE SEVRAGE LABORIEUX, CONSÉCUTIF À UN ARRÊT TROP BRUTAL D'UNE MOLÉCULE APPAREMMENT CONNUE POUR CE RISQUE.
Auprès du corps médical, il me semblait notoire que je présente une sensibilité évidente au phénomène et que cette relation est reconnue et validée dans mon dossier médical. Je crois même qu'une mention "allergique aux neuroleptiques..." figure sur ma carte Vitale.
Je ne jette pas la pierre ! J'ai besoin de ce corps médical et de ses compétences ! Je ne condamne ni la médecine ni mes médecins, leur monde est si vaste, si tortueux, tellement complexe et réclamant tant d'énergie, de percussions et de polyvalence !
Je ne critique pas, je n'accuse pas, je ne dénonce pas, je dis pour peut-être aider mon prochain.
Dans l'immédiat, - et dans l'attente d'un appel sollicité par mon épouse, d'un médecin spécialiste de la douleur - l'ennemi étant largement supposé, l'attitude la plus sage a observer est de ne rien faire et de supporter cette zone nauséabonde de mon existence dans l'espoir que mon cerveau se ré-éduque. Connaître le responsable plus que probable, sachant le potentiel dévastateur du myélome, et "voir" mon adversaire en face de moi rend la lutte plus "simple", plus équitable, et m’offre une rassurance** qui n'a rien de virtuelle.
Belles journées à vous tous et n'hésitez pas à visiter le site de l'AF3M.
Gérard
PS : Moins de deux heures après, le médecin des douleurs, me conseille de reprendre du Tramadol 100 le soir, et ce, durant une semaine. À cette issue, un état des lieux par téléphone permettra d'aviser.
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* Le faucheur… la faucheuse… il me fallait bien choisir ! En désignant "la Dame à la faux" avec une majuscule, j'offre ainsi une certaine dignité à notre dernier (dernière) visiteur (visiteuse).
Évitez-moi s'il vous plaît, la vision sexiste de la chose, merci beaucoup.
** J'aime ce mot inventé de toutes pièces mais qui exprime si bien à mes yeux, les bienfaits d'être rassuré.