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24 novembre 2018 6 24 /11 /novembre /2018 11:06

Bien l’bonjour m’sieurs-dames,

Grosse frayeur cette semaine !
Si vous avez lu mes précédents posts vous êtes au courant de mon entrée en essai clinique et des risques associés.
Hé-bien, mon mardi dernier c’est passé aux urgences de la Croix-Rousse.

Depuis quelques jours ma vue se dégradait passablement, mais patiences et lunettes arrivaient à sommairement compenser. Sauf que dimanche soir, et encore plus lundi, que ce soient les larmes artificielles ou la pommade vitaminée A, rien n’arrivait plus à calmer, ni la douleur (4/10) continue et lancinante, ni la gêne des grains de sable frottant sous les paupières à chaque mouvement des globes oculaires. Les heures passant, cela devenait de moins en moins supportable. Même fermer les yeux ne faisait que repousser légèrement le moment où je ne pouvais plus résister au besoin de frictionner.

Urgences donc, examens, produits dans les yeux et soulagement enfin. La cornée était endommagée par la sécheresse oculaire provoquée par le traitement. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir mis les gouttes et la pommade, jusqu’à dépasser les doses prescrites, heureusement sans conséquences.

Changement de traitement avec Celluvisc®, toujours la pommade vitaminée A pour la cicatrisation, et surtout, le très efficace Théalose®, qui répond à mes demandes en quelques secondes.
Ouf, ça va mieux, bien mieux.

Je me rappellerai de ces quelque 24 heures de difficultés heureusement résolues maintenant. Ma vue demeure floue, sans être catastrophique. Mes loupes font une bonne réponse. Dès que les grains de sable réapparaissent, je me précipite sur le Théalose® qui agit immédiatement. Mais toujours pas de voiture…
Ne restent que quelques sensations de volume, de picotement, de chaleur, qui me font papillonner, mais rien à voir avec ce début de semaine.

Par contre, excellente nouvelle sur l’efficacité du protocole.
Les chaînes légères Kappa ont super-bien reculé en passant de 667 à 96, marqueur indiquant que mon myélome semble être ralenti. Et il ne s’agit là que des résultats d’analyses en date du 29 octobre en rapport avec les effets de la première injection du 9 octobre.
Je vous promets que ça met de la bonne humeur dans la maison !

À suivre donc !  GgPointDoc

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13 novembre 2018 2 13 /11 /novembre /2018 20:41

Bonjour à tous,
Dans mon précédent post, j’écrivais que ma récente actualité allait peut-être relancer l’activité de ce blog. C’est dans cet esprit qu'aujourd'hui, j’écris ce billet.
J’aurais voulu continuer avec mon habituel ton badin, mais mon quotidien évolue, et pas forcément comme espéré.
Je ne vais pas vous cacher qu'après avoir connu des temps bénis, avec trois fois plus de survie que prévu en 2004, des moments… pas marrants se présentent maintenant.
J’ai usé huit protocoles, dont deux avec un succès remarquable : le lenalidomide (Revlimid®) avec 24 mois de tranquillité, et le daratumumab (Darzalex®), avec 26 mois sans histoires.
Ce huitième protocole a fait ce qu’il a pu, mais le myélome s’est encore avéré le plus fort en reprenant le dessus cette fin de printemps 2018.
Il allait falloir sans trop tarder, envisager une nouvelle piste pour continuer à prolonger cette survie.

À la fin de l’été, le hasard du calendrier a fait que la perte d’efficacité de mon traitement coïncidait avec l’ouverture d’un essai clinique. Dans mon précédent post, je vous en ai brièvement expliqué les tenants et aboutissants.
Un essai clinique est une série d’étapes, de tests, de contrôles, de validations, d’une nouvelle stratégie thérapeutique avant l’autorisation de mise sur le marché du produit fini.
Un essai clinique veut dire aussi accès à cette stratégie plusieurs années avant sa distribution officielle, atout considérable lorsque les moyens de luttes se réduisent. Il suffit de répondre positivement au cahier des charges, entre autres ici, être multirécidiviste.
J’ai usé huit protocoles…

Quand on intègre un essai clinique on parle d’inclusion. Celle qui m’était proposée se clôturait avant la fin de l’année.
J’aurais pu démarrer un protocole numéro 9, avec bien sûr l’incertitude de son efficacité. Trois ou quatre cures auraient été nécessaires pour rendre compte des résultats et des effets, ce qui m’aurait conduit aux alentours de janvier ou février 2019.
En cas de déception, il aurait été trop tard pour rejoindre l’inclusion.
Protocole numéro 9 inefficace et essai clinique manqué… que faire ensuite ?
J’ai donc décidé de rejoindre en priorité l’essai clinique, qui semble très prometteur, qui est très encadré, et ce, malgré un effet secondaire non négligeable, à savoir son action sur la vue. En cas de problème je peux toujours quitter cet essai et entamer le protocole 9.

Je suis dans la seconde cure et déjà, les effets sur ma vue se font ressentir.
Ce que je regarde a perdu de sa netteté, cela ressemble de plus en plus à des formes colorées et poilues, auréolées de beaucoup d’humidité, comme du brouillard. Si l’éclairage n’est pas favorable et si elle est silencieuse, je ne reconnais pas la personne en face de moi
Et puis j’ai mal. Mouvoir mes yeux me fait mal. J’ai du sable sous les paupières et je ne connais vraiment de repos que les yeux fermés et avec de la pomade.
Je ne sais pas si je vais encore pouvoir écrire bien longtemps et cela va certainement m’agacer copieusement.
J’en suis là et je me dis que je vais essayer de tenir le plus longtemps possible.
Je pense bien à vous, Gérard

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9 septembre 2018 7 09 /09 /septembre /2018 08:48

Fin du huitième protocole...

Quel silence assourdissant ! Ben-oui, un break de plus d’une année…
Que je sois honnête, je vais éviter de faire dans la culpabilité – modeste, mais au demeurant bien réelle – et me concentrer sur un – bref ? – résumé de ces derniers mois.
Si ce n’est dans mon actualité privée, mes chers enfants, ma merveilleuse épouse, mon magnifique jardin et l’informatique thérapeutique, peu de changements ont ponctué cette période. Sauf que…

Suite à des besoins croissants en sommeil – jusqu’à vingt heures par jour ! – j’ai découvert que je faisais des apnées. Un stage de trois jours au CHU de la Croix-Rousse a permis d’établir que je faisais jusqu’à 34 apnées par heures. Impressionnant, m’ont-ils dit. Parmi ces incidents, certains sont des apnées du sommeil, à savoir une obstruction des voies respiratoires. D’autres sont des apnées centrales, à savoir un arrêt pur et simple du fonctionnement du diaphragme, ce fameux muscle chargé de soulever régulièrement les poumons afin qu’ils puissent jouer leur rôle de pompe à air. Ceci dit, le diaphragme est commandé par des impulsions cérébrales et, par conséquent, c’est le cerveau qui tombe soudainement en panne et qui n’envoie plus les ordres commandant les mouvements du-dit muscle. Légèrement angoissant, non ? L’expression “Pourvu que je n’oublie pas de respirer” prend tout son sens, car les apnées centrales peuvent s’inviter même éveillé·e !
La solution est arrivée avec l’utilisation d’une PPC (une Pompe à Pression Constante) à porter chaque fois que le sommeil me gagne. Les résultats ont été immédiats avec une réduction non négligeable des besoins. En peaufinant les réglages, on est arrivé à diviser par trois le nombre moyen des apnées. Super, non ?

Côté chimio, mon protocole actuel, huitième du nom et en place depuis l’été 2016, a contenu mon myélome jusqu’à présent sans faire de dégâts apparents et sans coût exorbitant en matière d’effets secondaires. Deux années de routines, avec ses hauts (de forme) et ses bas (résille) très généreusement soutenus par ma Belle (!) lorsque le moral se faisait attendre. Mon ordonnance n’a guère évolué si ce n’est la division par deux de la dose de prégabaline (le Lyrica©), un anti-douleurs aux origines neuropathologiques.

En fait, je me suis concentré sur mon jardin que j’ai cherché à rendre à la fois utile et agréable à regarder. J’avoue être assez fier des résultats. Les rendements sont excellents et il attire les regards des passants. La création de la mare a apporté un espace de vie, de réflexions et de repos qui nous réjouit au quotidien. Son entretien demande de la vigilance et un peu de main d’œuvre, mais comme j’aime l’eau, je suis comblé.

Mon fils aîné est en train de monter un restaurant de luxe en Bourgogne, mon fils cadet est en apprentissage dans la restauration (!) et ma fille entre en sixième avec un beau potentiel scolaire. Mis à part quelques inquiétudes pour le premier, la crise d’adolescence du second et l’espièglerie de la dernière – qui se trouve être maintenant la plus grande de la famille par la taille – les soucis ont été plutôt indulgents et gérables.

J’ai consacré aussi beaucoup de temps à l’écriture de mon livre. Eh-oui, je réalise une auto-biographie quelque peu romancée, mais pas trop. Cela répond à mes besoins en ces expressions littéraires qui n’ont rien à voir avec l’entretien d’un blog ou d’un site Internet. Pourtant je ne manque pas de projets informatiques, mais je dois avouer – là encore – que j’ai un peu levé le pied sur ce point.

Maintenant, vous allez sans doute vous poser la très attendue question : “Qu’est-ce qui a bien pu pousser GgPointDoc à publier un nouveau billet ?”
Ma réponse sera simple : “Parce qu’un changement d’envergure se profile à l’horizon !”
Alors je m’explique.
Mon protocole actuel arrive en fin de vie. C’est-à-dire qu’il perd peu à peu de son efficacité et le myélome en profite pour faire valoir ses droits. Après plusieurs cures consécutives, depuis à peu près la trentième de ce huitième protocole, aux effets trop peu concluants, mon oncologue a décidé de préparer “l’après daratumumab (le Darzalex©)”.
Deux pistes s’offrent à mes espoirs.
— La première est un traitement classique proche du précédent, mais se démarquant par le changement de molécules à l’ouvrage, en l’occurrence une association carfilzomib, revlimide et dexamethasone, ces deux derniers ayant déjà été croisés lors de précédents protocoles.
— La seconde se résume à l’inclusion (l’entrée) dans un essai clinique à venir très bientôt, dès que les autorisations nécessaires seront débloquées.
Là, sur ce sujet, je ne sais pas grand-chose, même pas la dénomination, et j’attends les conclusions des divers entretiens entre médecins, puis ma consultation en tête-à-tête avec le responsable du projet au CHU de Lyon Sud, car mon information et mon accord seront nécessaires. À ce moment-là, j’aurais probablement bien plus d’infos à vous révéler, ce qui relancera peut-être l’attrait de ce blog.
Après quelques recherches sur des sites spécialisés, je crois comprendre qu’il s’agit du bb2121, petit nom possiblement “de code” d’un bébé pas très parlant, mais particulièrement prometteur, dixit la presse spécialisée.

Lien numéro 1

Lien numéro 2

À suivre donc…

Je n’ai plus beaucoup de visites, mais je ne veux pas m’en plaindre, car je ne fais pas grand-chose pour attirer du monde. Je n’ai pas mis à jour mon site depuis deux ans, mon blog depuis un an, et je n’envoie des mails privés que sur demande, ce qui, je l’avoue là encore, n’est pas fait pour entretenir le feu. ‘Faut mettre du bois pour obtenir de belles flambées ! Ce n’est pas l’envie qui manque, c’est l’énergie.

À propos d’énergie, notre passage à la voiture électrique est un vrai bonheur, pour employer une expression à la mode. Notre Zoé nous trimbale bien au-delà du canton dans un confort très satisfaisant et pour un prix de revient sans équivoque. Notre seconde voiture ne roule quasiment plus. Mais ça, ce n’est qu’une parenthèse.

Pour en revenir au sujet de ce blog – le myélome – voici maintenant quatorze ans que j’héberge cet indésirable. Mon espérance de vie aura bientôt été multipliée par trois !
À l’évidence la médecine a réalisé des progrès considérables et je dois reconnaître que mes véritables ennuis sont issus de l’impact premier de la maladie, la destruction de ma colonne vertébrale, et de la fatigue. Les divers protocoles, sans l’avoir éradiquée, ont tout de même réussi à en contenir la progression. La recherche continue de découvrir de nouveaux protocoles dont je vais encore pouvoir bénéficier maintenant que celui-ci arrive en gare et que j’ai la chance d’y trouver une correspondance.

Bien à vous, mes amis…

 

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16 août 2017 3 16 /08 /août /2017 22:02

Coucou, me revoilou !

 

Incroyable, un second message dans la même semaine…

 

Mais bien sûr qu’il y a une raison !

Cette fois-ci plutôt que de raconter ma vie – qui n’intéresse que ceux qui me connaissent et qui n’hésiteront pas à me rappeler à l’ordre – je vais m’adresser à tout le monde :

J’ai une astuce qui me profite bien, et qui, je l’espère, pourrait bien rendre service à ceux qui comme moi, sont confrontés aux « désagréments » des traitements médicamenteux.

 

Parmi les soins que je reçois, s’il en est un qui est essentiel, c’est bien celui du traitement de la douleur. Mon myélome a détruit ma colonne vertébrale et les conséquences se sont mesurées en centimètres. Ma taille (de ceinture) est passée du 44 à 38 mais cela n’a pas vraiment été pour me déplaire.

Par contre, ma taille (en hauteur) elle, est passée de un mètre soixante-huit et demi, à un mètre cinquante-quatre, bien étiré. Ce tassement vertébral a été très douloureux, physiquement et psychiquement.

Physiquement :

Ça fait mal, ces morceaux d’os qui s’appuient les uns sur les autres en pinçant les chairs et les nerfs. Et puis, ça s’est cassé davantage sur l’avant que sur l’arrière, ce qui fait que je ne peux me tenir droit qu’au prix d’un effort et d’une grimace. Cette forme concave de ma colonne vertébrale me fatigue beaucoup et m’empêche de m’appuyer, mes os « sortent » de mon dos et pincent ma peau contre l’éventuel dossier trop dur…

Les cimentoplasties et kiphoplasties m’ont rendu deux centimètres dans le but de réduire certains de ces pincements et quelques autres maux particulièrement pénibles. Ainsi aujourd’hui je culmine à un mètre cinquante-six, a fond de vérins.

Psychiquement :

Ce tassement m’a beaucoup fait mal, d’accord, mais il m’a imposé aussi un tout autre point de vue du monde, je ne vivais plus du tout à la même altitude...

Mais là, je m’éloigne de mon sujet, ce soir je veux vous parler des maux de viandes.

 

Il a fallu de nombreux essais pour arriver à un semblant d’équilibre, très précaire mais suffisant pour être qualifié d’efficace tant que je ne demande pas trop à mon dos.

Ce traitement est constitué d’un patch de fentanyl toutes les soixante-douze heures, à raison de 75 micro-grammes par heure. Il diffuse doucement sa molécule active tant qu’il est appliqué correctement contre la peau pendant ses trois jours de service.

Le point faible est là : ce patch doit rester en contact étroit avec la peau pendant toute la durée de son utilisation !

C’est généralement le cas sauf… quand il fait chaud, très chaud, ou comme actuellement pour moi, quand je fais l’objet de « crises » de transpiration importante (peut-être en partie due à une sorte de ménopause au masculin). Ors, une forte transpiration décolle discrètement le patch !

Il m’est arrivé de le retrouver tout bouchonné dans mon slip ou dans mes chaussettes.

Déjà, rien que là, je ne le mets plus dans le dos mais sur les cuisses. Comme ça je m’aperçois très tôt de sa disparition.

 

Le problème pourrait s’arrêter là, mais la molécule active de ce patch est un stupéfiant à base de morphine. Cela veut dire que sa commercialisation est particulièrement encadrée et contrôlée via une ordonnance sécurisée. Chaque boîte de fentanyl est distribuée à date précise dûment consignée et donc quasiment impossible à détourner. La perte d’un patch se traduit forcément par son remplacement et donc par un dérèglement de sa planification et des soucis pour se réapprovisionner.

Il faut savoir qu’il m’est arrivé de sauver mon patch à peine « entamé » de quelques heures…

Cela ne peut pas se reproduire trop souvent sous peine de rapidement emm..der prescripteur, pharmacien et usager.

J’aurais pu dire « consommateur »…

 

Pour faire simple :

J’ai un patch anti-douleurs qui se décolle en cas de forte transpiration, ce qui pose de gros problèmes d’efficacité et de réapprovisionnement.

 

Z'avez vu ?

Je sais faire des phrases simples…

Je sais écrire soit en version lite, soit en version full.

Mais je m’éloigne à nouveau.

 

J’ai essayé plein de propositions, de la bande Velcro au Sparadrap, en passant par des rubans larges extensibles et adhésifs.

Sans grands succès.

Une nouvelle fois mon Amoureuse est intervenue avec cette efficacité qui la caractérise : le filet élastique ! Elle m’a dégotté en pharmacie un produit suffisamment élastique pour plaquer mon patch sans glisser ni se décoller, sans gêner la circulation sanguine et sans abîmer la peau.

Le Graal.

Ça ne coûte pas cher, ça se lave – donc ça peut resservir, mon patch ne perd plus son efficacité et je n’agace plus l’oncologue ni le pharmacien avec des décalages entre prescription et délivrance.

 

Voilà, si ça peut rendre service : des filets de maintiens pour lutter contre le décollement des patchs.

@+

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11 août 2017 5 11 /08 /août /2017 18:00

Bonjour à vous.
 

Je viens de recevoir un gentil message d’une de mes anciennes élèves.
Plus de cinq ans après avoir cessé mes activités professionnelles, il se trouve encore des « gens » pour penser à moi et me demander de mes nouvelles.
Je suis très touché de cette attention et de fait, je réalise que j’oublie peu à peu ce blog
Je suis injuste, je vous néglige alors que vous attendez de me lire.
Alors je lui ai répondu en expliquant un peu le pourquoi du comment.
Je l’ai averti aussi que j’allais verser mon courrier ici, dans le blog, afin que d’autres puissent en profiter.

 

Donc…
 

Je m’excuse de ne pas avoir alimenté ces lignes depuis plusieurs mois maintenant.
La raison en est très simple, mon septième protocole, efficace au demeurant, m’a imposé des effets secondaires contraignants, surtout au niveau de la fatigue.
J’ai l’ai commencé début juillet 2016 et il a rapidement bloqué la progression de mon myélome, et ça a été un vrai soulagement.
En échange il m’a tout aussi rapidement imposé des besoins importants en repos, jusqu’à parfois me faire dormir plus de vingt heures par jour, ce qui devenait considérable.
Les médecins avaient beau chercher et faire des tests, je dormais à longueur de journées.
À la fin de ce printemps, une analyse demandée par ma Belle, a révélé une insuffisance des surrénales.
La réponse a été très simple et rapide : hydrocortisone !

 

Cet épisode nuisait beaucoup à la vie familiale et sociale, mais maintenant, je participe un peu plus et cela va beaucoup mieux. Progressivement j’ai retrouvé d’abord une petite activité, puis je me suis remis à vivre vraiment, presque normalement.
Aujourd’hui, la situation est presque normale. Je poursuis toujours ce septième protocole qui maintient encore mon myélome dans des valeurs satisfaisantes, et auquel un traitement à l’hydrocortisone a été associé. Bien qu’il reste encore à en déterminer le dosage précis, il semble compenser efficacement le défaut de production de cortisol de mes surrénales.
Je passe encore de longs moments à dormir, environ une douzaine d’heures par jour, mais cela n’a plus rien à voir avec cette fin d’hiver.
Il m’arrive aussi de faire quelques nuits-blanches, généralement après les interventions médicales, lorsque je reçois une dose de cortisone, soit une fois toutes les quatre semaines, mais cela n’a plus rien à voir avec le dérèglement circadien que je connaissais depuis la fin de l’été dernier.

 

Comme tout le monde, j’ai aussi un quotidien à suivre, la famille, le matériel, l’administratif…
Ma maman est partie saluer notre arbre généalogique et moi, j’arrive en fin de droits en termes d’assurance maladie.
N’étant pas en mesure de reprendre une quelconque activité professionnelle, je vais donc probablement être placé d'office en retraite pour invalidité.
Je ne sais pas trop encore ce que ça veut dire, ni comment se passera cette transition, mais cette préoccupation me prend le chou, tandis que j’essaie de retrouver une vie participative minimale.
D’autre part ma photosensibilité commence à poser questions. Il est maintenant évident que mon moral est grandement tributaire de la météo. Je n’aurais pas cru ça possible il y a seulement un an, mais je suis bien obligé de constater les faits : soleil et chaleur me « réveillent » et me donnent le sourire, alors que nuages et fraîcheur ont tendance à m’inciter à la morosité et à l’hibernation.

 

Pourtant j’aime bien la pluie, j’aime bien ces sources du ciel qui n’appartiennent et n’obéissent à personne…

 

Au plaisir, Gérard

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28 mars 2017 2 28 /03 /mars /2017 00:31

Bonjour à vous mes amis.

Il y a toujours explication à toute interrogation, et le fait que je n’ai publié depuis longtemps, vraiment longtemps, sur ce blog n’échappe pas à la règle.
Mon dernier message parlait de miracle.

Il faut bien reconnaître la quantité et apprécier la qualité des progrès réalisés depuis une bonne dizaine d’années par les bureaux d’étude dans le traitement des cancers en général, et dans celui du myélome en particulier.
Hé bien je persiste dans mon évaluation de ce septième protocole qui assure mon quotidien.
Le daratumumab a bien fait reculer mon myélome jusqu’à des valeurs enfin acceptables.
Le rapport kappa/lambda des chaînes légères s’est stabilisé autour de 65.
Bon, ce n’est pas 3,09 comme au printemps 2015, d’accord, mais ce n’est pas 1400 non-plus.
Ainsi la progression de la maladie est-elle momentanément enrayée.

Les premières semaines de l’été 2016 se sont révélées « miraculeuses » dixit mon précédent post.
Et c’est vrai, j’ai connu un été « vivant », avec jardin, bricolages, sorties et même un petit viron au bord de la mer fin août.
Ce qui a changé alors ?
Les effets secondaires pardi !
Leur évolution a progressivement perturbé cette belle harmonie.
La fatigue s’est peu à peu imposée.
J’ai alors connu un retour marqué à l’horizontalité, allongé sur mon lit.

C’est la réalité d’aujourd’hui !
Le matin, je dispose d’environ une heure et demie d’autonomie avant d’être contraint de remonter dans ma chambre.
À de rares moments, généralement lors des prises de cortisone, soit environ trois jours par mois, un retour d’énergie me permet de « gratter » gentiment dans le jardin.
Il est curieux, voire drôle… agaçant plutôt, parce qu’inhabituel, de me voir courir, me dépêcher de boucler un maximum d’activités dans ce minimum de temps.
Le compte à rebours tourne toujours trop vite !
Ces occasions sont rares et brèves et il est difficile d’avoir une vie sociale, même modeste, dans ces conditions.

Entre ces heures d’inexistence, je lutte contre le sommeil, contre cette envie de dormir qui n’en finit pas de toujours gagner.
Le réveil est un moment particulièrement délicat car à ce moment, je ne dispose pas de l’énergie nécessaire pour tenir mes paupières levées.
Souvent je cède et replonge pour une paire d’heures dans un sommeil qui semble sans repos.
Aujourd’hui, les médecins et moi-même, sommes perplexes quant à l’absence de solution.
Si le daratumumab est efficace dans sa lutte contre le myélome, l’effet secondaire, lui, pose soucis.

Les médecins qui m’entourent sont en train d’organiser un examen approfondi de mes cycles de repos et de leur qualité, au Centre Du Sommeil de la Croix-Rousse, à Lyon.
En attendant, mon hématologue ne reste pas les deux pieds dans le même sabot et procède à des analyses en rapport avec ses compétences et ses intuitions.
Ainsi a-telle relevé une anomalie au niveau de mes surrénales qui pourrait bien ne pas être étrangère au problème ciblé : elles ne géreraient plus correctement la production du cortisol, hormone fabriquée par l’organisme qui agit (entre-autres) sur la régulation de l’horloge circadienne.
Un tel dérèglement n’aurait rien de bien surprenant sachant l’agressivité des divers traitements déjà reçus depuis plus de cinq ans maintenant. Les fonctions rénales et associées sont mises à rudes épreuves dans toutes les chimiothérapies.
Par contre, il est nécessaire de réaliser des contre-analyses avant d’envisager une action précise sur mes reins.
Nous en sommes là…

À la prochaine, Gg

 

 

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28 août 2016 7 28 /08 /août /2016 16:39

Oui, je sais, il y a une éternité que je n’ai pas donné signes de vie !
Oui, j’ai été très long à revenir publier un billet dans ce blog !
Oui je vous ai négligé et je souhaite m’en excuser !
Oui mon dernier papier date du vingt janvier et nous sommes fin août… mais il y a une raison.
Au moins…

Protocole 3
Début 2015, le traitement que je suivais* tenait bon depuis décembre 2012.
Il avait même permis de faire entrer un des marqueurs de mon myélome dans la fourchette de tolérance**.
Deux ans et demi d’une belle situation calme, paisible et rassurante.
Hélas, et sans raisons apparentes, ce printemps 2015, des symptômes sont réapparus, indiquant que mon traitement donnait des signes de fatigue.
Effectivement, ce même marqueur semblait progresser à nouveau***, doucement au début, puis vraiment significativement vers mai/juin.
Les douleurs se manifestaient de plus en plus souvent et de plus en plus fort.
La fatigue me dominait et m’obligeait à des pauses de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues.
En mai les marqueurs se sont emballés, passant d’une valeur à deux chiffres à une valeur à trois chiffres…
Il fallait bien admettre que le REVLIMID® était au bout de ses promesses.
Il fallait bien songer à une autre médication.

Protocole 4
Juillet 2015 je débutais un nouveau protocole****.
Sachant que pour en évaluer l’efficacité plusieurs cures sont nécessaires, j’en ai suivi deux de vingt-huit jours chacune.
Mais ce traitement ne faisait pas reculer mon myélome, à peine le gênait-il.
Par contre il induisait des épreuves supplémentaires.
Ainsi a-t-il été abandonné à son tour fin septembre !
La fatigue s’ajoutant à la fatigue, il devenait inutile d’insister davantage.

Protocole 5
Fin septembre 2015 je débutais encore un nouveau protocole*****
…qui allait rendre les armes très rapidement sous l’ordre impérieux de mon hémato.
Le Pomalydomide était en train de m’assassiner plus rapidement que mon myélome, en détruisant sans vergogne mes reins pourtant déjà largement éprouvés.
Le rapport bénéfices/risques était bien trop négatif et je m’effaçais progressivement dans mon lit.

Protocole 6
Début 2016, juste après mon dernier billet et après avoir essuyé une sévère pneumocystose, j'ai démarré un protocole « maison » à base de dexaméthasone, de cyclophosphamide, d’etoposide et de cisplatine.
Rien que ça…
Quatre jours d’hospitalisation marathon suivis de vingt-quatre jours d’un repos particulièrement indispensable.
Deux fois seulement tant la médication était agressive.
Mes plaquettes étaient en voie d’extinction et les injections d’immunoglobuline ne compensaient pas la disparition de mes défenses immunitaires.
Pendant que ma pilosité disparaissait pour la seconde fois, d’étranges coliques salivaires apparaissaient.
Le canal d’évacuation de ma salive s’était partiellement obstrué.
La moindre suggestion d’appétit provoquait un douloureux gonflement des glandes salivaires, surtout à droite.
Trop d’emmerdes depuis le début de l’année, je n’écrivais plus.
Durant le protocole précédent, je dormais déjà beaucoup, au moins une quinzaine d’heures par jours.
Mais là, je suis passé à quasiment vingt heures de sommeil.
Je ne vivais plus, je survivais…
Pendant un temps, une nouvelle intensification a été envisagée.
Mon frère à été sollicité pour éventuellement en être le donneur, mais mon état a rendu la future allogreffe impossible.
Devant tant de barbarie moléculaire on a renoncé à poursuivre…
Lors de l’arrêt du traitement, huit semaines ont été nécessaires pour me redonner une apparence.
Car je n’apparaissais plus, j’étais transparent.
Dans tous les sens du terme.
Pendant ce temps, Josy plongeait dans un monde hostile fait d’angoisse et d’inutilité.
Impuissant, j’assistais à son propre constat d’impuissance.
La période de repos ne pouvait se prolonger indéfiniment, le myélome progressait.
L’ambiance familiale connaissait son plus bas.
C’est alors que le daratumumab a reçu son AMM******

Protocole 7
Ces huit semaines de repos ont permis d’attendre cette autorisation.
Mon hémato m’en parlait pendant que je me reconstruisais péniblement.
Courant juin j’ai commencé à me relever, à moins dormir.
J’ai réintégré le jardin que ma Belle avait malgré tout courageusement entrepris.
La fatigue m’écrasait de moins en moins et je pouvais à nouveau sortir marcher un peu.
Mes plaquettes sont progressivement revenues et le risque infectieux s’est estompé.
Curieusement, et malgré l’absence de traitement, le myélome a calmé sa progression.
On a alors démarré ce septième protocole, daratumumab + dexaméthasone.

Avec surprise mes plaquettes résistaient plutôt bien.
Les globules blancs, soutenus par des injections d’immunoglobuline, ont retrouvé une certaine jeunesse.
Je me suis mis à me lever de bonne heure et avec un moral en nette hausse.
Je démarrais immédiatement mon ordinateur dans la perspective d’enfin écrire un billet !
Je descendais prendre mon petit déjeuner et m’emplir de la belle vision de notre jardin.
Et là, j’y restais, je ne remontais pas m’installer devant mon clavier.
Avec la complicité de la météo, je me suis mis à passer mes journées entièrement dehors.
Plus de sommeil, plus d’ordinateur, seulement des activités manuelles en extérieur.

C’est encore le cas aujourd’hui : je suis tout le temps dehors.
Chaque semaine******* je passe une journée en hospitalisation de jour pour recevoir le fameux daratumumab et ses acolytes.
J’en reviens un peu secoué, mais je retrouve la forme dès le lendemain matin.
Je passe les six jours suivant à enfin m’activer physiquement.
J’ai retrouvé un bel appétit et ma masse musculaire se reconstruit vaillamment.
Les analyses montrent un net recul de mon myélome dont l’indicateur après avoir connu des valeurs à quatre chiffres est à présent redescendu en dessous des 150 !
Le moral est au beau fixe, la maisonnée s’est remise à sourire.
Mon Amoureuse revit…
Aujourd’hui j'ai envie de parler de produit miracle.
Nous allons bien ; Je vais bien !

En janvier, je n’écrivais plus parce que j’allais de plus en plus mal…
En juin, je n’écrivais plus parce que j’allais de mieux en mieux…
Vous savez tout !
________________________________
* REVLIMID® seul (lenalidomide)…
** Rappelez-vous, le seuil haut du ratio kappa/lambda est fixé à 3,10 en présence d’une insuffisance rénale, ce qui est mon cas. Le mien avait reculé jusque 3,09.
*** En juillet dernier il était remonté à plus de 1400.
**** Rappelez-vous du billet du 2 juillet : VELCADE®  (bortezomib)+ bendamustine + dexaméthasone…
***** …et celui de la saint Michel : IMNOVID®  (pomalidomide)
****** AMM = Autorisation de Mise sur le Marché
******* Je commence ma huitième semaine demain.

 

 

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20 janvier 2016 3 20 /01 /janvier /2016 21:31
Je me suis trompé !
J'ai cru entendre PCE alors que c'était DCEP.
Bien que exactes sur le terme, mes recherches sur Internet, étaient hors sujet.
DCEP est l'acronyme de Dexaméthasone, Cyclophosphamide, Etoposide et Cisplatine.
Il s'agit d'un protocole qui consiste en l'injection des quatre produits ci-dessus en simultané et sur une durée de vingt-trois heures, quatre fois sur quatre jours, de J1 à J4.
Suit une période de repos jusque J28

La perche, avec ses quatre poches et ses quatre pompes interdit toute promenade dans les couloirs. Je ne voudrais pas renverser l'ensemble...
Quatre jours, ce n'est pas si long. J'ai mon ordinateur, ma tablette, mon smartphone et... Un vélo d'appartement et de la lecture !

Étrangement, je traverse la période sans trop de difficultés, contrairement aux annonces entendues lors de ma précédente hospitalisation.
Ça ne me manque pas, les difficultés ! Je suis heureux de ces messages alarmistes qui m'ont offert l'occasion d'une très bonne surprise. Aujourd'hui je continue de parcourir ce protocole avec bonhomie.

Bonhomie à tous ! Heu... Bonne nuit à tous.
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15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 15:40

Je rentre d'un petit séjour à l'hôpital.
Rarement partie de plaisir (excepté dans certaines bandes dessinées), ces jours derniers ont été plutôt éprouvants.
Étant immunodéprimé par la maladie et les traitements, j'étais jusqu'à présent étrangement épargné par les microbes. C'est à peine si un petit rhume me rendait visite durant l'hiver.
Était-ce reculer pour mieux sauter ?
Toujours est-il qu'une fièvre carabinée m'a expédié illico presto au Centre Léon Bérard.
Après de nombreux examens, Echérichia Coli a été retrouvée dans mes urines.
Résultat des courses : pneumocystose.
Le Gg s'est progressivement retrouvé gonflé de 8 à 10 litres d'eau, bien installés dans ses tissus, avec pour conséquence un encombrement physique empiétant largement sur ses capacités respiratoires. Non content de subir une pression mécanique due au volume hydrique, mes poumons étaient saturés de déchets du combat que se livraient bactéries et maigres défenses immunitaires. Les antibiotiques sont alors intervenus, un peu à la façon de la Cavalerie, à la fin des vieux westerns.
Ouf, j'étais en train de me noyer dans mes propres productions, je suffoquais !
Un simple diurétique a réduit cette invasion tandis que le traitement hospitalier traquait l'intrus sabre à la main.
Aujourd'hui je refais surface avec un soulagement non dissimulé : je revis.

J'ai quelques jours pour me remettre de mes émotions et reconstituer quelques réserves mentales et organiques. En effet, maintenant que le bilan des cinq protocoles reçus est acté*, je démarre une nouvelle thérapie. Lundi, je retourne à Léon Bérard pour une PCE, PhotoChimiothérapie Extra corporelle ou encore photophérèse.
Je suis prévenu : ça va être dur !
Si cela ressemble à ce que j'ai vécu lors de l'autogreffe, ça craint...
Je suis allé voir mon gestalt-thérapeute pour me préparer à cette épreuve.
Sans doute lui dois-je mon bon moral de ce matin.

Je suis entre deux périodes délicates, un bref interlude d'où je peux apercevoir mes soleils.
C'est bon.
Je redécouvre le monde extérieur, passagèrement peut-être, mais assurément avec plein d'envie. Je sais que ma situation actuelle me bride totalement mais aujourd'hui j'ai au moins des désirs.

Je ne sais pas quand le prochain traitement me rendra la main, mais je vous dis tout de même "à bientôt !".

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* Le dernier, à base de Pomalydomide, s'est retrouvé en échec dès la troisième cure avec un marqueur explosé à plus de 1400. Début novembre le ratio des chaînes légères était déjà à 800. Pour mémoire, le seuil "haut" est fixé à 3,11 si insuffisance rénale. Bien moins en temps ordinaire...

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28 novembre 2015 6 28 /11 /novembre /2015 16:46

" Je triche, ...-oui, je triche, depuis longtemps déjà je triche !
- Hou-là... qu'est-ce qu'il lui arrive à celui-là ?
- Qu'est-ce qu'il va nous apprendre ? Que va-t-il nous pondre ?
- Ben-
ouai, bah-quôa ?… c'est pas dur ! "

Ce myélome, c'est de lui dont il est question !
Inévitablement proche de moi, mon "Ami Myélome !"
Celui qui est toujours là quand je suis mal et qui me nargue lorsque je vais mieux !
Peut-être un rival pour celle qui m'accompagne sur ce chemin.
Mais si le myélome est une évidence, ses conséquences en sont d'autres.
Si les médicaments font leur œuvre, leurs effets secondaires en font d'autres.
Et si supporter tout cela est une volonté, y arriver est une toute autre histoire.

" - Et alors ?
- Ça vient, j'explique ! "


D'une colonne vertébrale standard peu loquace mais généralement opérationnelle à la demande, je me retrouve doté d'un manche articulé sur plusieurs brins faiblement autonomes et pourvus d'échardes.
J'ai une colonne très abîmée, très fragile et très facilement douloureuse.
Malgré tous les efforts déployés par la médecine, je ne peux complètement m'affranchir d'inconvénients parfois difficiles à supporter.
Toutes mes vertèbres sont touchées, le tassement à atteint, et même légèrement dépassé 15 centimètres.
En 2011, en quelques semaines, de 1 mètre 68 et demi, j'ai rétrogradé à 1 mètre 53 tout rond.
Pour endiguer cet effondrement et éviter des conséquences dramatiques sur la moelle épinière, les chirurgiens ont exercé leurs talents sur huit vertèbres en pratiquant 6 cimentoplasties et 2 kyphoplasties*.
Ces dernières m'ont "rendu" 2 centimètres.
Aujourd'hui et selon mon état de fatigue, je mesure entre 1 mètre 55 et 1 mètre 57 !

Hélas ce merveilleux empilement a quelque peu égaré sa belle harmonie.
La position de repos sans douleur se fait légèrement penché sur l'avant, le corps ne demandant qu'à verser là où son poids cherche à l’entraîner.
De fait, pour moi qui vit en permanence cette lapalissade, je dois continuellement lutter contre la chute vers l'avant.
C'est un effort physique qui a plus ou moins rapidement raison de mes disponibilités, ce qui me conduit à l’affût d'un appui qui permette le repos de la musculature.
La réponse devient réflexe, une sorte de geste habituel, presque naturel...

Pour me déplacer ou pour supporter la position d'attente debout, pour faire durer un équilibre sans provoquer une étrange curiosité alentour, mais aussi pour éviter des sollicitudes bien naturelles ma foi, je pratiquais depuis quelques temps déjà, une astuce qui satisfaisait une première approche du problème : mon apparence !
J'avais besoin d'un troisième appui, en plus de mes deux jambes, oui, mais je souhaitais que cela ne se remarque pas trop.
Solution : le talentueux bâton de marche.

Léger, discret, souple et résistant, amorti… grâce auquel les "autres" voient un randonneur ou un excentrique qui veut se faire passer pour tel, ce bâton perd parfois beaucoup de son intérêt, au supermarché par exemple…
"- Étrange ce type qui pousse un caddy avec un bâton de randonnée !"
D'autre part, un randonneur n'étant pas vraiment quelqu'un de particulièrement fragile, on n'hésite pas à le bousculer.
Et là, ça fait mal.
Cette forme de triangulation moderne redevient alors forcément touristique !

Un sévère combat mental s'est engagé : soupeser et trancher dans le rapport bénéfices/inconvénients du bâton de marche.
Après de longs débats internes, j'ai dû me résigner à la seule alternative réaliste : la cane** !

Je n'ai rien écris sur les inconvénients du bâton de marche ?

Oh, c'est simple, je n'en voit qu'un, un seul qui, à mon usage, fait basculer le bilan !
Ce bâton qui aurait pu m'offrir ce statut tant recherché de monsieur "Presque-Tout-le-Monde" accomplit trop bien sa tâche : je suis trop noyé dans la masse !
Les gens voient le randonneur (ou l’excentrique) et n'ont donc aucune raison de prendre une quelconque précaution à mon égard.
Ils bousculent, snobent et me regarde d'un sale œil lorsque une aide masculine, donc physique, est sollicitée sans que je ne réagisse positivement (à leur sale œil).
"- Voici un mec qui ne bronche pas alors que des nanas souffrent..." pour déplacer une charge, par exemple !
Ce regard est dur, réprobateur, culpabilisateur.
Je représente l'archétype même du mâle dominant paresseux qui se rit de voir pâtir quelques femelles volontiers protestataires.

Et oui, je souffre de ce regard des autres, violent dans sa direction et sa luminosité.
Je souffre de l'impossibilité d'afficher ponctuellement ma condition et mon impuissance.
Je souffre de ne pouvoir me justifier !
Le temps passant, ces lourds regards engament rageusement les quelques bénéfices reçus de ce bâton de marche.
Mon apparence choisie ne me rend pas service si souvent que cela en regard du nombre de fois où je dois essuyer ces ondes de reproches à peine voilées.
Et oui : l'apparence...
Par ailleurs, liste non exhaustive, il m'est impossible de revendiquer un siège dans un transport en commun, de bénéficier de caisses dédiées au supermarché et ainsi suis-je contraint de me béquiller longtemps sur mon caddie dans la file d'attente pour régler mes achats.

La solution ?
J'ai dû accepter de troquer mon bâton de marche contre une canne, une vrai canne** !
Une canne avec son gyrophare qui affiche aux yeux de tous mon statut d'handicapé !
Voilà, c'est dit, c'est craché : je dois maintenant me considérer en tant que handicapé.

Quelle étape, misère !
Quelle nouvelle épreuve à surmonter !
N'ai-je pas déjà renoncé à ma moto ?
Entre-autres...
Cinquante-sept ans et entrer dans la catégorie des dépendants, des assistés, des…
Et oui, des handicapés !
Handicapé – handicapé – handicapé – handicapé…
Ce n'est qu'un mot, mais quel mot !

Mon rapport avec le monde des handicapés me fait honte.
Voyez bien : rien que cette phrase affiche haut et fort tout le ségrégationnisme dont je fais preuve depuis si longtemps, sans même m'en être rendu compte.
Le monde des handicapés… Ce ghetto.

Oui je suis emphatique, soit, mais je ne suis pas comme eux !
Je ne veux pas être comme eux, surtout pas !
Malgré mes prétentions, et feu ma bonne conscience, je me constate à freiner "des quatre fers" face à ma nouvelle apparence, génératrice du fameux statut de handicapé, alors que la Vie me pousse patiemment mais sûrement vers cette catégorie, cette RACE de gens.
Que je vous rassure : ce vocabulaire volontairement excessif de la phrase se veut expiatoire mais est-ce atteignable ?

Je triche, disais-je plus haut ?
Bien sûr.
Je me suis longtemps dédouané en participant, voire même en organisant des opérations de type Téléthon au bénéfice des handicapés.
Cela me coûtait quoi ? Trois jours ? Quatre jours ?
Allez, une semaine à tout casser.
Pas vraiment de quoi se tracasser ni en faire tout un plat.
Quelle gloire, alors que les myopathes vivent leur handicap au quotidien tout au long de leur (courte) vie !
Maintenant, je le sais.
Maintenant, je l'ai compris.
Maintenant j'ai un petit et jeune neveu, qui, suite à un accident automobile, se voit probablement condamné au fauteuil roulant perpétuel...
Me voici au pied d'un mur d'années de racisme latent, mon racisme, sur lequel je fermais complaisamment les yeux !
Me voici contraint d'admettre, d'avouer, puis de m'afficher en tant qu'handicapé.
Pourquoi m'est-il si dur d'accepter ?

Ces temps-ci, je ne suis pas très fier de moi !

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
* la cimentoplastie consiste à remplir l'intérieur creux de la vertèbre avec un ciment, pour en arrêter l'effondrement, tandis que la kyphoplastie consiste à insérer un petit ballon dans la vertèbre, le gonfler pour soulever et ré-écarter les parois, avant d'injecter le ciment dans la cavité ainsi crée.
** Voyez combien il est difficile de dire ou d'écrire que j'ai besoin d'une canne ! Combien il m'est difficile de m'afficher (déjà) avec une canne. Combien il est difficile d'entrer dans la catégorie des vieux déchets défectueux…


 

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